Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

http://voyageenequateur.canalblog.com/

27 mai 2010

La politique c'est comme l'andouillette : ça doit sentir un peu la merde mais pas trop. E. Herriot

Voila maintenant trois semaines que je me suis installé à Quito, et le bilan est un peu mitigé pour le moment : d’un côté au niveau du stage, c’est un bordel sans nom, d’un autre côté, mon intégration dans la famille de Maria Belén se passe vraiment bien, j’ai fais connaissance avec les cousins, cousines, oncles, tantes, et autres, et ils sont tous sympas et un peu dingo. Mais je garde le meilleur pour la fin, et je vais d’abord vous parler du stage et de la désespérante merdouille que c’est.


Ça fais donc deux semaines qu’on s’est présentés (avec Maria Belén) à Mr Tarsicio Granizo, notre maitre de stage qui avais oublié notre venue, et on a toujours pas de locaux où travailler, on passe notre vie à le harceler pour qu’il nous donne un bureau, mais il nous demande d’être patient. Bureaucratie quand tu nous tiens…

Sinon pour le stage proprement dit, on a commencé par aller voir Matthieu, doctorant de l’université de Lyon et qui travaille à Quito depuis un moment. Le mec connais pas mal de monde, et surtout il a bossé pour la Commission du Yasuni-ITT, du coup il a pu nous expliquer un peu où on mettait les pieds. D’abord il nous a dis que Granizo était un mou du gland de première, et que la Commission patinait pas mal depuis le début de l’année, ce qui s’explique par le fait qu’en Janvier dernier, le président Correa à péter un watt en disant que l’initiative était pas réaliste, que la Commission avait échouée dans sa mission, et que par conséquent, le pétrole de la zone ITT allait être exploité. Du coup la majorité de la Commission à démissionné, et une autre Commission a été nommée à la place, et c’est dans celle-ci que nous allons travailler.

 

YASUNI_2


Alors que l’ancienne Commission était composée de quelques personnes convaincue par le projet et qui travaillaient tous ensembles, la Commission actuelle est composée de beaucoup plus de personnes qui n’ont pas forcément l’air plus convaincue que ça par l’initiative, et qui travaillent chacune dans leurs coins. Donc forcément, ça traine.

La Commission est composée de trois groupes : une direction politique où siègent le président, le vice-président, des ministres et des députés, une direction négociatrice chargée de convaincre les gouvernements étrangers de soutenir l’initiative et de la financer, et une direction technique chargée de fournir les éléments techniques aux autres directions pour qu’elles mènent leur mission à bien. Cette dernière est dirigée par la ministre coordinatrice du patrimoine qui a déléguée à Mr Tarsicio Granizo.

Cette direction technique est composée de pas mal de monde, la tête pensante en étant Carlos Larrea, économiste et seul survivant de la commission précédente. C’est lui qui suit l’initiative depuis le début, et qui en connait toutes les ficelles. En plus de lui, il y a des représentants du ministère des affaires étrangères, et divers autres bureaucrates.


Après avoir assisté à une première réunion de cette commission, nous en sommes sortis un peu dégoutés : leur seul objectif actuel est le fideicomiso, le mécanisme financier qu’ils doivent présenter au PNUD (cette organisations onusienne à proposer, à la demande de l'Équateur, de recevoir les fonds des gouvernements étrangers et autres donateurs potentiels, puis de les redistribués à l'Équateur. Cela permettrait ainsi de créer d’autres initiatives similaires ailleurs dans le monde) pour lancer l’initiative.


Ils ce focalisent donc actuellement uniquement sur cela, alors qu’il y a plein d’autres aspects du projet à préciser.

Un seul exemple, les limites du parc naturel Yasuní ne sont même pas connues avec précisions. Par contre les limites des « blocs » pétroliers, (la zone pétrolière est divisée en bloc d’exploitation, ITT signifie  Ishpingo-Tambococha-Tiputini, le nom des trois blocs concernés par l’initiative) eux, sont bien définies. Cela permet donc aux pétroliers d’en profiter pour rogner sur le Parc naturel lors de la définition des limites des blocs.

3_9_Oil_and_Water

Sur les conseils de Matthieu, nous avons décidés de travailler avec Nathalia Greene, qui fais également partie de la direction technique de la Commission, et qui est chargée de tous ce qui a trait à l’information de la Société civile nationale et internationale.

 

Elle travaille avec Carlos Larrea depuis le début, et elle connait donc elle aussi l’initiative sur le bout des doigts. Elle pense, comme Matthieu, que pour que le projet soit une réussite, il faut que la Société Civile prenne conscience de l’importance du projet, qu’elle le soutienne, pour qu’ainsi si un jour le président décide pour une raison ou une autre d’exploiter le pétrole, les gens ce mobilisent pour l’en empêcher.

 

Il faut savoir que si en France on est connus pour aimer râler et protester contre le gouvernement, les équatoriens ne sont pas mal non plus. Depuis 2000, ils ont mis dehors deux Présidents de la République à coups de manifestations, de blocages et d’occupations diverses.

Le fait est que la position du président Correa par rapport à l’initiative est un peu ambigüe : d’un côté on le voit régulièrement à la télé ou au cours de sommets internationaux soutenir le projet, dire que c’est la fierté du pays, mais d’un autre côté, il monte une commission peu efficace avec des lambins à sa tête.

 

La femme qui mène la direction négociatrice de la Commission à même été dire en Europe qu’il fallait protéger le Yasuní parce qu’il s’y trouvait encore des indiens qui vivaient tous nus. Comme si c’était ce qui faisait leur principale caractéristique.

 

 

yasuni1

 

Tout ça pour dire que c’est un bordel. Du coup, après avoir perdus nos illusions, on c’est dit qu’on allait faire ce qu’on était venus faire, c'est-à-dire observer le fonctionnement de ce bordel, et récolter des informations pour rédiger nos mémoires de master.

 

A ce moment (en début de semaine), on est retournés voir Matthieu pour lui raconter nos malheurs qui ne l’ont pas vraiment surpris. Ils nous à dit que ce qui l’aurais étonné aurait été que les bureaucrates de la Commission nous prennent au sérieux, et nous donnent les moyens de travailler efficacement.

 

Du coup, il nous à proposer d’essayer de faire quelque chose de concret quand même pour l’initiative, en l’occurrence organiser un évènement à Nuevo Rocafuerte, une petite bourgade située dans le Parc naturel du Yasuní, à la frontière péruvienne et considérée comme la porte d’entrée du Parc.

Dans cette ville les gens sont les premiers concernés par l’initiative, puisque si elle échoue et que l’ITT est exploité c’est eux qui ne pourront plus utiliser l’eau du fleuve pour quoi que se soit, eux qui verront les maladies ce propagées, eux qui verront la prostitution, l’alcoolisme et autres conséquences sociales de l’industrie pétrolière ce développées. Paradoxalement c’est ici que les gens sont, avec les communautés indigènes du Parc, les moins informés du projet. En effet, cette région très reculées, sans routes pour y accéder ni aéroport, est totalement délaissée par l’Etat. Pas d’école hormis celles des missionnaires, pas d’hôpitaux à part quelques ONG qui installent des dispensaires, bref aucune présence étatique.

 

C’est là qu’on voit qu’on se trouve quand même dans un pays de dingue : des types ce démontent pour monter un projet totalement avant-gardiste, l’Etat accepte de le défendre, de le mettre en place, mais au bout d’un moment on se rend compte que les gens qui vont vivre les conséquences du projet n’en devinent même pas l’existence !!

 

Yasuni_map1

 

 

Du coup on va essayer de monter quelque chose là bas pour informer les habitants de Nuevo Rocafuerte et des communautés environnantes de l’importance du projet, pour qu’ils s’en approprient, le soutiennent et le défendent si besoin est. Matthieu nous a fais rencontrer une fille qui travaille dans le tourisme communautaire là bas, qui connait plein de monde et qui est intéressée par notre projet. Elle nous a donc donner des contacts à ne plus savoir qu’en faire, il nous reste maintenant à monter un projet solide, et à faire en sorte que la granputamadre de Commission nous suive là-dessus, au moins en allongeant la caillasse, et c’est pas encore gagner !

Publicité
Publicité
16 mai 2010

Road trip por Colombia

Voila maintenant deux semaines que je suis parti, et je me suis bien installé à Quito.

Après l’atterrissage à Bogota, j’ai été trouvé un petit hôtel, ce fut long et laborieux, Bogota c’est un merdier sans nom niveau circulation : deux heures pour arriver au centre ville !

Enfin bon, j’ai passé la nuit la bas et le lendemain j’ai été me promener rapidement dans Bogota, qui ne m’a pas vraiment convaincue. J’y suis passé très très rapidement, mais la ville n’a m’a pas interpellée plus que ça.

J’ai juste aimé les tags anarchistes sur les églises, et les vitres défoncées à coups de pierre de la cathédrale (je passais par là quelques jours après le premier Mai, et les dégâts de la manif n’avait pas encore été réparés).

 

DSC00789


Je suis donc vite parti prendre un bus pour Popayan, 15 heures de route plus tard. La monotonie de la route est régulièrement brisée par les barrages militaires.

Les types, généralement très jeunes montent dans le bus avec leur M-16, et font descendre tous le monde. Les femmes d’un côté du bus, les hommes de l’autre et c’est parti pour une petite fouille. Ensuite ils ouvrent les soutes et sortent deux trois trucs qui doivent leurs paraitre suspects et ils demandent à qui c’est avant de les ouvrir. Quand ils voient qu’il n’y a rien de répréhensible ils nous laissent partir.

En général les types sont cool, à chaque fois y’en a deux trois qui sont venus taper la discute avec moi, étant le seul étranger du bus. Ils paraissaient d’abord curieux en me voyant rouler mes clopes. Quand je leur expliquais que ce n’était rien de grave, ils riaient en me disant que chez eux quand ils roulaient c’était pas pour mettre du tabac dedans… 

Tout ça pour rassurer tous ceux qui fantasment sur la Colombie ultra dangereuse où l’on risque la séquestration à chaque coin de rue. On dira ce que l’on veut d’Alvaro Uribe, personnellement je pense que c’est un enfoiré de la pire espèce mais il a réussi à sécuriser au moins les routes principales, et l’on court assez peu de risque si l’on ne sort pas des grands axes.

Mais que les gens continuent de voir la Colombie comme un guet apens, ça ne deviendra pas un dysneyland pour touristes et ça c’est cool.

 

DSC00790



Je suis donc arrivé à Popayan dans la matinée. Popayan c’est une jolie petite ville un peu au Sud de Cali, dans la Valle del Cauca. Elle est aussi appelée la Ciudad Blanca, car c’est une ville coloniale et tout les bâtiments sont enduits de chaux. C’est vraiment joli, il y a une petite rivière qui traverse la ville et de nombreux ponts datant de l’époque coloniale qui l’enjambe. Le climat y est bien chaud, mais il y a pas mal de verdure ce qui est assez rare dans les villes latino américaines, d’après ce que j’ai pu voir.

Après avoir passé une nuit à Popayan, je suis parti pour la ville frontière, Ipiales. Arrivé la bas de nuit, j’ai moyennement apprécié : la ville est pleine de gens louche et de prostituées, c’est un peu glauque. En plus, au contraire de ce que j’avais pu voir avant en Colombie, les gens ne sont franchement pas agréables.

Je suis donc reparti tôt le matin pour la frontière à Rumicacha. On y va en mini bus, on passe la frontière, et on prend un autre minibus qui nous emmène à la première ville équatorienne, Tulcan.

A Tulcan, je passe un coup de fil à Maria Belén chez qui je vais habiter à Quito, avant de monter dans le bus. 5 heures plus tard me voila arrivé à la capitale, Maria Belén vient me chercher avec sa mère, et après avoir affronté les embouteillages quiteño, me voila arrivé dans mon nouveau chez moi.

2 mai 2010

C'est reparti pour un tour

Et oui, on y retourne, encore une fois. Ce n'était pas vraiment prévu mais disons que j'ai subi des influences extérieures qui ont finis par me décidé...
En fait je suis entré en Master d'économie sociale et solidaire à l'université du Mirail à Toulouse, et je dois faire un mémoire pour valider mon M1. En parallèle de ce mémoire je dois faire un stage.
A la base je ne savais pas trop sur quoi travailler, je savais juste que je voulais bosser sur l'Amérique latine et sur les indigènes. Ayant une directrice de mémoire à fonds sur le projet Yasuni ITT en Equateur, elle a finit par me convaincre de bosser la dessus.

Le projet Yasuni ITT, c'est pas facile à expliquer :
Ça se passe dans le parc naturel Yasuni, comme son nom l'indique, qui est perdu au fin fonds de la forêt amazonienne. C'est une réserve naturelle unique au monde en termes de biodiversité, ya des milliards d'espèces endémiques, animales et végétales. La raison de cette diversité est que pendant la dernière glaciation, la zone n'a pas été gelée, ce qui en a fait un refuge pour de nombreuses espèces. Du coup c'est pour cela qu'on y trouve des espèces qui datent d'avant la glaciation.

Malheureusement, des pétroliers ont découverts du pétrole la dessous, et l'Equateur qui tire la plupart de ces ressources du pétrole, aurait "logiquement" (dans la logique productiviste selon laquelle nos économies fonctionnent actuellement) dû l'exploiter, détruisant au passage la forêt, les espèces qui s'y trouvent, mais chassant aussi les indigènes qui y vivent, dont certains en isolement volontaire (c'est à dire qu'ils ce sont réfugiés le plus loin qu'ils ont pu de la civilisation occidentale et que si vous allez les chercher un peu ils vous accueillent à coup de lance).


yasuni_itt1


Mais vu que l'on a en Equateur un gouvernement qui voit un peu plus loin que le bout de son nez, celui-ci a fait une proposition pour le coup révolutionnaire : on n’exploite pas le pétrole, et vous nous payez pour ça !
Balèze le Correa non ?
En fait le principe du projet s'inscrit dans la lutte contre le réchauffement climatique : Si le pétrole n'est pas exploité, ça fait des émissions de gaz à effets de serre en moins, du coup ça participe à la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais pour renoncer à cette ressources non négligeable (850 millions de barils, ce qui nous fais quelques 6 à 7 milliards de dollars avec un baril à 70$), le gouvernement équatorien exige une compensation de la communauté internationale pour la préservation de l'environnement, bien commun de l’humanité.

yasuni_logo

 

Il y a donc une commission au sein du gouvernement équatorien qui est chargée de gérer ce bazar et c’est dans cette commission que je vais faire mon stage.

Vous allez me demander comment j’ai fais pour entrer la dedans. Le réseau les amis, le réseau, ya plus que ça qui marche. En l’occurrence cette fois le réseau c’est Maria Belen, camarade de promotion, équatorienne de son état, et qui avait prévue de partir dès le départ et qui a finis par me convaincre.

 

Je pars donc demain matin à 3h du matin de chez moi pour être à Nantes à 5h et décoller à 7h pour Bogota avant un petit trip de deux trois jours jusqu'à Quito où je vais passer trois mois.

22 septembre 2009

la fin

Ça y est, c'est fini, le départ est pour dans quelques jours, depuis la dernière fois, pas grand chose, si ce n'est un petit weekend sur la côte où j'ai pu me baigner dans une eau bien chaude, et matter des baleines en train de baiser, c'était cool...

Je part donc jeudi prochain pour Guayaquil, où j'espère avoir le temps d'aller piquer une petite tête avant le départ.
Le voyage va être rude, vu que je suis parti avec un billet Sao Paulo - Paris, mais que j'ai finit en Equateur, j'ai du acheter un billet Guayaquil - Sao Paulo.

Je vais donc faire Guayaquil - Lima, Lima - Santiago, Santiago - Sao Paulo, Sao Paulo - Zurich et enfin Zurich - Paris.
En tout, deux jours d'avion et d'aéroport, cinq décollages, cinq attérissages, moi qui n'aime pas particulièrement ce moyen de transport, je vais être servis.


DSC00663


Viva la revolución!!


19 septembre 2009

Ambato & Guaranda

Le 4 septembre, je décide de partir en weekend. Si je veux voir du pays, il faut que je me dépêche, je n’ai plus que trois semaines à passer ici. C’est court, mais c’est long à la fois : je n’aurais passé qu’un petit mois en Equateur, mais en même temps cela fait maintenant près de quatre mois que je suis parti, et il me tarde de rentrer au bercail.


DSC00673

 

 

 

Ce weekend, je décide donc de partir faire le plein d’artisanat. Je pars donc pour Ambato, quatrième ville du pays, mais d’après les guides, ne disposant d’aucun attrait touristique.

 

En arrivant, je pars directement pour Quisapincha, un petit village non loin d’Ambato, spécialisé dans l’artisanat du cuir.

 

La route qui y mène s’élève au dessus d’Ambato et offre une belle vue sur toutes les montagnes environnantes. Dommage que le temps soit couvert.

 

Le village est rempli de boutiques d’articles en cuir, je me décide pour l’un d’entre eux où je trouve mon bonheur. Le vendeur me rend ma monnaie, 10 $ en pièces de 50 centimes. Je prends un kilo d’un coup.

 

Je redescends ensuite sur Ambato, où je cherche pendant longtemps l’arrêt des bus partant pour Salasaca, un petit village non loin. Dans ce bled vivent les indiens Salasacas. Ils ont une culture bien particulière, puisqu’ils ont été déportés de Bolivie, où ils vivaient avant l’expansion Inca, jusqu’ici selon une technique bien établie par les Incas, et qui leur permettait de faire fermer leur gueules aux peuples un peu récalcitrant à la civilisation.

 

C’est une technique comme une autre pour assujettir les peuples. Quand les européens sont arrivés aux Amériques, ils en on adoptés une autre, plus expéditives, mais plus efficace : après avoir massacré 200 millions d’amérindiens, tout le monde a fermer sa gueule.

 

 

 

Les Salasacas sont passés maitres dans l’art du tissage, et ils sont reconnus dans tout le pays pour leur savoir faire.

 

En passant devant le petit marché où les indigènes vendent leurs produits, je me fais héler par une vieille mamita : « vient voir gringito, vient acheter ». Amusé, je m’approche de son stand et elle commence à tout me déballer, sans arrêter de dire : « compra, compra ! » (achète). Ces tapisseries de laine sont si peu chère que je lui en achète quelques unes, mais elle ne me lâche toujours pas. Quand je finis par réussir à m’en défaire, c’est la voisine qui prend le relais, et ainsi de suite sur une dizaine de stand. Des sacrés marchands de tapis ces Salasacas.

 

Au bout d’un certain temps, je réussi à m’échapper. C’est vraiment le mot, c’est limite si je ne me fait courir après pour que j’achète plus.

 

 

 

Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, je pars pour Guaranda, petite ville à deux heures d’Ambato, près de laquelle ce trouve Salinas, un joli petit village produisant les meilleurs fromages et chocolats de la région. Autant dire que c’est une destination qui compte.

 

 

 

Arrivé à Guaranda, je fais un rapide tour du marché avant de chercher un bus pour Salinas. Renseignement pris, il n’y a pas de bus, uniquement des camionnettes. Je me retrouve donc une fois de plus, à l’arrière d’un pick-up brinquebalant, coincé entre les régimes de bananes et les poulets. La position est plutôt inconfortable, les cahots de la piste sont rudes et j’avale des kilos de poussière. Cependant, je dispose d’une vue magnifique sur les paysages environnants, et ça vaut bien quelques courbatures.

 

 

 

Après une bonne heure de route, j’arrive dans le bled. Je me promène quelques temps dans ce village, surement un des rares où les habitants ont une conscience écologique, chose qui reste encore le privilège de ceux qui on les moyensde ce l’accorder. En effet, les rues sont propres, il n’y a pas de décharges à ciel ouverts.

 

En fin d’après midi, après avoir fait un stock de fromage, je redescends vers Guaranda. Il y a plein de monde à vouloir descendre, bizarrement. La raison en est évidente, ce soir la selección joue contre

la Colombie

pour une place au mondiale 2010, et il n’y a évidemment plus de courant à Salinas. Drame.

 

 

 

Arrivé à Guaranda, je trouve un petit hôtel, les mecs de la chambre voisine sont déjà en train de hurler devant la télé.

 

Je vais regarder le match sur un écran, dans la rue. A la fin, tout le monde rentre ce coucher, tristement.  

 

2 – 0

 

 

 

Le lendemain, à 6 heures les voisins ce réveillent et mettent la musique à fonds les ballons. J’essaie de dormir un peu, mais à 7 heures, c’est le gérant qui vient tambouriner à ma porte, il est temps que je m’en aille.

 

Je fais mon sac, et avant de prendre le bus, je vais visiter l’attraction principale de la ville, une statue représentant l’Indio Guaranga, qui a donné son nom à la ville, mais personne ne sait plus pourquoi, qui surplombe la ville. La vue est fort jolie.



DSC00657

 

 

 

Après cette petite ballade, je redescends prendre mon bus pour Riobamba. La route du retour est sublime, une des plus belles du pays parait-il. Le temps est super dégagé, la route fait le tour du Chimborazo, on peut admirer la bête sous toutes les coutures, jusqu'à en faire une indigestion.

 

 

 

Le bus me dépose à Calpi et je finis à pieds. Sur la route, je passe devant la communauté d’Asunción. Les indigènes sont en minga, en travail communautaire pour rénover les canaux d’irrigations. Quand je passe devant les travailleurs en les saluant, on me fait signe de m’approcher. Les types tapent la discute pendant 5 minutes, et me payent un coup de trago, le tord boyaux local. Je repars ragaillardi.


DSC00665

 


En arrivant à San Francisco, une bonne humeur peu habituelle semble habiter les gens : une famille est en train de battre le blé en riant et me fait de grands signes quand je passe à leur niveau. Plus loin, un homme enlève les poux de la tête de sa femme sur les marches de leur maison, eux aussi me saluent gaiement. Scène assez peu courante de douceur et d’amour conjugale, qui me met, moi aussi le sourire aux lèvres.

Publicité
Publicité
8 septembre 2009

Le lendemain, c’est samedi, jour de marché à

Le lendemain, c’est samedi, jour de marché à Riobamba. J’y descends donc et en profite pour passer un coup de fil à Leticia, une des filles avec qui je travaillais l’an dernier, et avec qui j’ai maintenu une correspondance plutôt bien suivie.

Je la retrouve à la Estación, la gare de Riobamba, d’où partent les trains pour le très touristique Nariz del Diablo, et où la municipalité a emménagé un endroit pour que les artisans de la ville puissent exposés leurs produits. C’est ici que nous vendions nos confitures l’année dernière, mais le stand a disparu, puisque les filles, à l’image de Letty, en avaient marre de se faire traitées de voleuses par les femmes de la communauté.

Letty travaille maintenant avec Don Claudio, un personnage assez pittoresque, joueur de rondador, la flûte de pan équatorienne, et artisan. Il fabrique toute sorte de choses en crin de cheval, et Letty l’assiste dans son travail.

Je retrouve donc d’abord Don Claudio et Letty nous rejoint peu après.

Ça fait plaisir de la revoir. Elle n’a pas tellement changée, elle porte toujours son Anako (la jupe « traditionnelle »), mais garde la Chalina (châle en laine) et le petit chapeau blanc cerclé de noir pour les fins de semaines ou elle va aider ses parents à la communauté.

Letty a la chance de pouvoir faire des études, aidée financièrement par une française passée par là et qui lui envoie des sous pour qu’elle puisse continuer d’étudier.

Je lui fais part de mon projet de chercher un stage pour le mois qu’il me reste avant de rentrer en France, et elle propose de me filer un coup de patte dans mes recherches.

Nous partons donc pour le Consejo provincial, équivalent de notre conseil régional, où elle connait quelqu’un qui serait susceptible de m’aider. Evidemment le type n’est pas dans son bureau, et nous devons courir dans toute la ville pour le retrouver.

Après une bonne discussion pour lui faire comprendre ce que je veux, le type me demande de revenir le lundi suivant, il en saura plus.

Le lundi matin, Letty vient cogner á ma porte pour descendre avec Pierrick á Riobamba. Arrivés en bas, nous appelons le type qui nous avait donné rendez vous ce matin a dix heures. Il nous répond qu’il est toujours chez lui et qu’il ne sera pas disponible avant 11h 30. Normal.

Nous partons donc pour le ministère de la culture en espérant plus de résultat. Ici tous les ministères ont une antenne dans chaque province pour appliquer la politique gouvernementale au niveau local.

Arrivés au ministère, il faut serrer toutes les mains, demander des nouvelles de la famille, avant de s’assoir et de rentrer dans le vif du sujet. Après avoir expliqué ma situation, on me demande de laisser mes coordonnées, « on vous rappellera », la formule m’a tout l’air d’être universelle. On nous conseil tout de même d’aller voir au « ministerio de inclusion economica y social » (MIES), ou nous aurons peut être plus de chance.

Le ministère, flambant neuf, ce trouve maintenant a l’autre bout de la ville. Don Claudio, qui nous accompagne souffre un peu et Letty n’en loupe pas une pour se payer la tête du viejito.

Arriver à destination, on entre dans un bureau, un peu au hasard, et exposons mon cas. On nous informe qu’il faut s’adresser au directeur du ministère. Il n’est évidemment pas présent et on nous invite á l’inauguration d’une fromagerie financée par le ministère, ou le directeur sera présent. On en profite pour inviter Don Claudio a joué du rondador.

On repart ensuite pour le centre ou nous appelons a nouveau le type que nous devions voir à dix heures. Il nous demande de venir le rejoindre au siège de la « Radiofonica », la station de radio mise en place par monseñor Proaño, l’évêque des pauvres, ayant beaucoup fait pour la cause indigène. La Radiofonica a élargie ces activités et mène maintenant des projets de développement dans différents domaines, toujours en rapport avec le monde indigène.

J’y rencontre Piedad, la coordinatrice des projets artistiques qui me dit qu’ils auraient besoin de quelqu’un pour faire leur comptabilité. Elle me demande si c’est dans mes compétences. Entrer des chiffres dans un logiciel c’est dans les compétences de n’importe qui.

Elle me dit aussi que si je préfère travailler dans d’autres projets, elle pourra m’y introduire. Je lui demande quelques jours pour réfléchir, et nous nous quittons là.

Le lendemain matin, lever à 6 heures pour choper le bus de 7 heures, arriver à 7h 30 à Riobamba où j’ai rendez vous à 8 heures avec Don Claudio et Letty. Je suis bon pour une bonne heure d’attente. Ici on a pas de montre mais on a le temps dis le dicton.

Don Claudio finit par arriver, seul. Letty avait rendez vous la veille avec son directeur de thèse (elle n’est pas encore en doctorat, mais ici il n’y a qu’un « modèle » de diplôme universitaire, en 5 ans dont la dernière année est consacrée à une thèse), mais il a du décaler le rencart au dernier moment et elle doit donc aller le voir ce matin.

Je pars donc avec Don Claudio pour Ceceles, une petite communauté qui a investi avec l’aide du MIES et d’autres bailleurs de fonds dans une fromagerie, permettant ainsi aux indigènes de transformer leur lait avant de le vendre au lieu de le vendre directement a des intermédiaires qui les bernent.

Après quelques heures de bus, nous arrivons à la communauté.

Monsieur le vice ministre de l’économie c’est déplacé. Le ministre lui-même devait venir mais il a eu un « empêchement de dernière minute » comme ils aiment dire. Coups de flemme oui.

DSC00637

Enfin, ça montre bien que le gouvernement a une réelle préoccupation des communautés indigènes et de leur développement, contrairement aux gouvernements précédents.

En soutenant de tels projets, créateurs de richesses au niveau local, et pour ceux qui en ont le plus besoin, il montre également qu’il est déterminé à construire une économie sociale et solidaire, et que ce ne sont pas seulement des mots jetés en l’air, comme on entend souvent par chez nous maintenant que l’économie ultralibérale est devenue bonne à jeter.

Non, je ne fais pas de l’antifrancisme primaire, je suis juste content qu’il existe encore des politiciens qui respectent le mandat que leur a donner le peuple, c'est-à-dire les sortir de la merde, et peu importe si pour cela il faut cogner sur les sacro saints investisseurs, entrepreneurs et banquiers de toutes sortes. Ça fait peur hein ?

Revenons à nos moutons, après ce bref intermède passionné. Arrivé à Ceceles, je dois donc m’adresser au vice ministre. En effet, ici, c’est toujours à la plus haute autorité présente qu’il faut s’adresser pour obtenir quelque chose. Si le ministre avait été là, c’est lui que j’aurais été consulté, et si le président…

Je vais donc voir Tupac, comme il s’appel, je lui expose mon cas, il me demande mon nom et mes coordonnées qu’il va directement donner au directeur local du MIES, celui la même que j’avais essayé de rencontrer la veille au ministère. Asi es en Ecuador…

Ensuite on se tape deux bonnes heures de discours de chacune des autorités présentes, ensuite le speaker demande à l’assistance de ce lever et de chanter l’hymne national. A ce moment là, tout le monde ce découvre, met la main sur le cœur et ce met à chanter à plein poumon. Entre deux couplets, on entend le vendeur de glace : « helados, heladitos !! »

Ensuite c’est au tour de Don Claudio de faire le show au rondador.les gens en redemandent, il fait danser les autorités, sauf Tupac qui a une patte folle, c’est la gloire.

Ensuite, une fois que Don Claudio a vendu tous ces CD, il faut trouver un moyen de rentrer au bercail. Les bus sont rares par ici. On chope le gouverneur de la province sur le point de partir. Don Claudio enlève son chapeau et lui demande humblement si on peut monter. « Su excelencia » nous fait un signe de tête en direction de l’arrière du pick-up. On rentre donc sur Riobamba au frais du contribuable Chimborazeño, et on arrive à destination tout endoloris et couverts de poussière.

Aujourd’hui, mercredi 26 aout, c’est grâce mat’. Il faut laisser murir tout ça et aller voir les résultats demain. Je me lève donc vers 10 h 30, et part pour une ballade sur les hauteurs de San Francisco. Le fait est que l’an dernier, j’avais travaillé au balisage de cette ballade, et Pierrick me dit que de nombreux touristes ce perdent en chemin. Je suis donc intriguer et veut aller voir cela par moi-même.

En chemin, je croise un âne sur le sentier, qui cavale tout seul. 100 mètres plus loin, c’est le propriétaire que je croise, un pauvre papi tout essoufflé qui me fait : « esta coriendo mi burrito » avant de reprendre sa course.

Arrivé au sommet, je vois le sommet du Chimborazo dans une petite fenêtre ouvertes dans la masse nuageuse. A chaque fois, devant ce spectacle, c’est la même impression qui me submerge : ce volcan est tellement impressionnant, et on en est tellement proche ici, qu’à chaque fois qu’il daigne ce découvrir, on se sent un peu privilégié.

DSC00638

Ce n’est pas étonnant que tant de légendes circulent à son sujet et que les gens d’ici le craignent tellement.

J’en ai appris une dernière, de légende, il n’y a pas longtemps : on raconte que les femmes qui dorment sur les flancs du volcan en tombent enceintes. Certains diront que c’est une bonne excuse pour que les filles puissent faire toutes les conneries du monde.

N’empêche, ici on ne rigole pas avec ça : Pierrick raconte qu’un jour une fille se pointe devant son père et lui dit qu’elle c’est fait mettre en cloque par Taita Chimborazo. Le daron ne la croit pas, lui en retourne une et la traite de tout les noms. Lorsque l’enfant nait, pourtant, le père s’excuse auprès de sa fille et lui dit qu’elle avait bien raison, c’est bien le volcan le papa.

Il faut dire que le Chimborazo à pour particularité de faire des enfants à la peau et aux cheveux blancs. Comme par hasard, les communautés les plus proches du volcan on un taux d’albinos bien plus élevé que dans le reste du pays. Quel cochon ce Chimborazo.

DSC00643

Le plus drôle, dans ces légendes, c’est que les gens d’ici y croient fermement. Pierrick, encore lui, raconte qu’un jour, une française vient faire un volontariat. Elle se lie d’amitié avec Letty et toutes les deux partent se balader sur le volcan. Elles trainent un peu et se retrouve à la nuit tombées sur le volcan. Letty avait à l’époque 17 ou 18 ans, et la connaissant, ce n’est pas la fille stupide prête à croire n’importe quelle histoire de grand-mère. En plus Letty est évangéliste, et cette église encourage ces fidèles à renier toute culture indigène, donc toutes ces histoires douteuses.

DSC00650

Pourtant quand la française propose à Letty de rester dormir au refuge, la Letty commence à paniquer, a perdre complètement les pédales. La française s’inquiète, lui demande ce qui ne va pas, et la Letty de lui répondre que si elle reste dormir sur le volcan, elle va tomber enceinte du Chimborazo.

En fin de compte, ces histoires sont tellement liées à l’endroit où elles prennent forme qu’elles deviennent vraies. J’imagine bien que les gens qui me lisent en France vont me prendre pour un doux dingue, mais pour les gens d’ici, c’est juste la réalité, alors pourquoi ne pas y croire ?

DSC00653

L’exemple le plus illustratif de ce fait ce trouve peut être dans la médecine andine : ici lorsque vous souffrez d’une fièvre, ou d’un quelconque mal, on va vous soignez avec un cuy (cochon d’inde). Il suffit de passer le cuy sur le corps du malade jusqu'à ce que mort s’ensuive. Et vous voila guérit. Avant vous êtes malade, après vous ne l’êtes plus. Aucune explication rationnelle, mais ça marche, quelle preuve voulez vous de plus ?

DSC00654

Aujourd’hui, jeudi 27 aout, je descends à Riobamba voir ce que ça donne au MIES, s’ils veulent bien de moi ou pas.

On me demande d’aller voir une dame à la direction financière, qui devrait avoir du travail pour moi. J’attends la bonne femme pendant une bonne heure. Ensuite elle me dit que le señor director lui a parlé de moi, elle a du travail pour moi. Les stagiaires, étudiant à Riobamba reprennent bientôt les cours, j’arrive donc au bon moment.

Le travail que l’on me propose consiste à la vérification du budget de projets financés par le MIES. Il y en a une trentaine, et il faut refaire tout les comptes pour vérifier si les entrepreneurs auxquels ont été confiés les projets ont bien dépensés les montants alloués.

Bon j’avoue que ça reste bien flou, j’y comprendrais mieux plus tard.

En rentrant, je me cale à l’angle d’où partent les voitures pour San Francisco. Il y a la un homme de la communauté que je croise à chaque fois que je descends à Riobamba. A chaque fois, il est rond comme une queue de pelle, mais aujourd’hui, il atteint le summum : le type est allongé sur le trottoir et il n’arrive même pas à ce lever. Il ce contente de grogner de propose que personne ne comprend. Quand une voiture arrive, son pote, pas beaucoup plus frais que lui, mais qui tient quand même sur ces deux jambes, le charge littéralement dans la voiture. Je suis obligé de venir lui filer un coup de main, et ce n’est pas évident, le raisin n’a pas l’air d’avoir très envie de faire un tour en voiture.

Le type est maintenant avachi sur la banquette arrière, il gémit et bave, et moi je n’ose même pas imaginer la gueule de son foie.

A la sortie de la ville, son collègue demande au chauffeur de s’arrêter dans une tienda, une épicerie. Il nous paie des empanadas et un jus de fruit, et lui s’offre un gros godet d’aguardiente avant de daigner repartir. Là, c’est sa femme que j’imagine, toute seule à la communauté à ce crever le cul pour nourrir les gosses pendant que son mec claque la thune en ville.

08 Aout:

Cela fait maintenant une semaine que je travaille au MIES, et tout s’éclairci peu à peu.

Tous les matins, c’est lever à 6 heures pour choper le bus de 7 heures qui me dépose à Riobamba une demi heure plus tard. J’ai donc une demi-heure à occuper avant d’aller au bureau. J’ai pris l’habitude de monter sur la loma de Quito, une petite colline dans le centre en haut de laquelle ce tient le parque la libertad. Là, certains matins, quand le temps est assez dégagé, j’ai une superbe vue sur tous les volcans entourant la ville, l’Altar, le Tungurahua, le Carihuairazu et évidemment, le big boss Chimborazo.

Lorsque je parviens à les voir tous, ce qui reste tout de même assez rare, cela me met de bonne humeur, malgré le réveil aux aurores.

Ensuite, je me dirige tranquillement vers le MIES. Je monte au premier et salue mes collègues en entrant dans le bureau. Les deux maitresses des lieux sont Luz Maria, chargée du budget, et indigène dans le sens où elle porte l’anaco, mais les indigènes eux-mêmes ne reconnaissent comme faisant partis des leurs seulement ceux qui vivent en communauté, ce qui n’est pas le cas de Luz Maria. Atteindre des responsabilités demande des sacrifices.

La deuxième patronne est Rita, chargée des finances, et sous les ordres de laquelle je travaille. Rita est tout un personnage : chaque matin, lorsqu’elle rentre dans le bureau, je manque d’éclater de rire devant l’extravagance de ces tenues vestimentaires. Le terme qui me vient à l’esprit quand je pense à elle, c’est « bourgeoise emperlousée ». Rien de méchant ici, tout juste un poil de moquerie, je vous l’accorde. Mais ces coiffures acrobatiques et son maquillage de maquerelle m’imposent cette image.

Mais ce qui fait tout le charme de la dame, c’est que quoi qu’il arrive, elle est toujours complètement larguée.

Il est vrai que le système informatique de ministère, et toute la bureaucratie qui l’accompagne n’ont rien de simple, mais il est toujours drôle de voir la directrice financière du ministère aller voir la secrétaire du directeur, ou le directeur des ressources humaines, en leur faisant d’un air implorant : « no sea malito, ayudame » (qui pourrait ce traduire par «  ne sois pas méchant, aide moi » en sachant que méchant ce dit malo, mais leur manie de mettre « ito, ita » à la fin de tout les mots, donne tout son charme à la phrase), en leur demandant de lui expliquer telle nouvelle directive, ou tel programme gouvernemental impossible à entrer dans le système.

La vie au bureau est tranquille. Rita essaie quand même de m’apprendre son boulot, c’est instructif à défaut d’être palpitant.

Régulièrement, on entend brailler « Luchito !!! » dans tout le bâtiment. Luchito c’est l’homme à tout faire de la maison, celui à qui on demande d’aller acheter telle ou telle bricole, et ça doit être celui qui bosse le plus dans la boite, mais surement pas celui qui est payer le plus. Je ne dis pas que les autres n’en glandent pas une, loin de là, mais entre les visites dans le bureau de la copine d’en face, les discussions au téléphone, et les séances photos du weekend dernier, on sait prendre son temps.

Ce qui est drôle aussi, c’est de voir l’image que ces fonctionnaires ont d’eux-mêmes : Luchito on l’appel Luchito parce que c’est le larbin, mais les autres, ils ce donnent mutuellement du « doctor » par ci, « ingeniera » par la, « arquitecto », « licenciado », bref, on rentabilise bien le titre chèrement acquis.

DSC00636

7 septembre 2009

Riobamba

Je prends donc un bus pour Riobamba, á 5 heures de route de Cuenca. Tonton Correa est en train de refaire toutes les routes du pays, c’est bien sauf qu’en attendant, les travaux ralentissent considérablement les trajets, surtout qu’ici la circulation alternée, ils ne maitrisent pas trop : ils bloquent 5 kilomètres de routes pour a bitumer, ce qui fait qu’a chaque fois il faut attendre une bonne demi heure avant de passer.

C’est pour ca que l’on trouve des gosses au bord de la route, pourtant déserte à cet endroit qui vendent des trucs aux automobilistes qui attendent patiemment.

Riobamba est la ville pas loin de laquelle ce situe San Francisco de Cunuguachay, la communauté indigène ou j’ai passé trois mois de stage l’an dernier, et ou je compte me poser quelques temps, le temps de voir ce que je fais, si je continue á vadrouiller, ou si je trouve un stage quelque part. 

Dix minutes après la sortie de Cuenca, le bus tombe en rade. Ca faisait longtemps tient. Un autre bus arrive une heure plus tard, et il me dépose á Riobamba 5 heures plus tard.

Il est trop tard pour monter á San Francisco, je décide donc de passer la nuit en ville. Seulement le bus allant á Quito, il m’a déposé en périphérie. Je dois donc prendre un taxi pour rejoindre le centre.

Je monte dans le premier taxi qui se présente. Le type ne doit pas avoir mon âge et conduit comme un pied. J’ai rarement peur en voiture mais cet animal je ne suis franchement pas rassuré. La voiture fais un bond a chaque fois qu’il passe une vitesse et le mec ce signe après avoir réussi à passer un ronds point sans se gaufrer. Rassurant ca.

Encore un qui a du acheter son permis et qui apprends maintenant à conduire. 

Enfin on arrive à destination, et heureusement, le type ne se permet pas en plus de me plumer sur le prix de la course. Après l’angoissant moment que je viens de passer, il n’aurait plus manqué que cela. 

Riobamba n’a pas vraiment changé en un an, si ce n’est les panneaux touristiques qui ont fleuris et les messages politiques sur les murs favorables ou non au président Correa, á sa révolution citoyenne et á la constitution plébiscité l’été dernier. 

C’est le lendemain, en prenant la route de San Francisco á l’arrière d’un vieux pick-up dont le proprio a du vendre le pot d’échappement et les suspensions, que je réalise qu’une année c’est écoulée depuis la dernière fois que je suis passé par ici. En effet, il y a maintenant deux belles routes bitumées qui mènent á la communauté. C’est sur que c’est bien moins folklorique que la bonne vieille piste défoncée, mais mes fesses ne s’en portent pas plus mal. C’est ca le progrès. Maintenant les taxis de Riobamba acceptent de monter jusqu'à San Francisco et le temps du trajet est divisé par deux. 

Quand j’arrive devant la maison où j’ai passé trois mois l’an dernier, c’est Juliana, la cuisinière qui m’ouvre la porte en peinant à me reconnaitre. Dans la maison je suis perdu : on a fait tomber des murs, pour en construire d’autres, la salle à manger a été transférée dans la chambre de Pierrick le curé qui gère les projets du coin et qui vit ici, bref c’est le bordel.

Il y a deux touristes à la maison, des françaises évidemment. Nous sommes rejoints un peu plus tard par Catherine, la veto aristo en mission dans les communautés pour deux ans. Elle termine sa mission dans quelques semaines et est pas mal stressée rapport à cela. Imaginez que la fille vient de passer deux ans dans le trou d’balle du monde à castrer des porcs et à mettre bas des lamas. Ça va lui faire drôle de retrouver la civilisation. Elle est accompagnée de son papa venu lui rendre visite et de Mathilde, une volontaire venue apprendre le métier auprès d’elle. Mathilde est également accompagnée de son papa.

On discute donc des changements survenus ici depuis l’année dernière. Catherine trouve que Pierrick est en train de sombrer : cela fait plus de dix ans qu’il est ici, toujours occupé par des millions de projets, Catherine trouve donc qu’il ne prends pas assez de recul et tombe dans l’assistanat. C’est vrai que Pierrick est un grand solitaire et qu’il prend rarement l’avis des autres.

On me raconte aussi que la fabrique de confiture dans laquelle j’avais travaillé l’an dernier est au point mort. Cela ne m’étonne pas vraiment, vu comment les filles qui y travaillaient ce faisaient traitées par les femmes de la communauté.

C’est con, il y a pourtant tout un tas de machines qui ne demandent qu’a servir, mais parce que les vieilles de la communauté, propriétaires de la fabrique, ne font pas confiance aux jeunes, pourtant très capables de gérer la boutique, et qu’elles mêmes ne veulent pas prendre la responsabilité d’y travailler, rien ne marche. Salauds de vieux. 

J’ai tout de même une bonne nouvelle : le musée du lama de Palacio Real, une communauté voisine où j’avais aussi travaillé est enfin terminé, il faudra aller voir sa de plus près.

 

Le soir, Pierrick rentre et nous discutons de tout cela. Je suis content de retrouver cette maison où j’ai passé trois mois au cours desquels j’ai pu apprendre beaucoup sur les gens, sur ce pays mais aussi sur moi-même.

 

Le lendemain, nous sommes maintenant le 21 Aout, Catherine m’invite à me joindre à elle, son père, celui de Mathilde et elle-même pour une journée touristique dans les environs. Nous partons tôt en voiture et commençons par le marché de Guamote, fameux pour son marché au bestiaux et surtout pour le nombre d’indigènes qui s’y rendent, tous en tenues « traditionnelles » comme on dit chez nous parce qu’ils sont pas en jean et baskets.

Après avoir fait le plein de foule de vaches, de cochons d’indes et de porcs, nous partons pour un petit désert, proche de Guamote.

C’est un endroit assez étonnant. Au milieu du Páramo, caché derrière un rideau de sapin ce cache des dunes de sable brun. Des vraies dunes, comme dans le Sahara.


DSC00622



DSC00623

DSC00624

On reste quelque temps à observer le vent faire courir le sable sur les dunes, puis nous repartons pour les lagunes d’Atillo, bien plus éloignées.

Après quelques heures à se faire secouer sur une vieille piste au milieu de paysages des plus sauvages, nous arrivons enfin.

L’endroit est assez magique : au milieu de hautes montagnes aux pics acérés ce trouvent trois lagunes les unes au dessus des autres, chacune d’une couleur différente.



DSC00633




On reste quelques temps à observer le spectacle puis nous continuons sur la route sur 100 mètres.

Et là, c’est un nouveau spectacle. On arrive sur le versant amazonien de la cordillère, et de suite la végétation change radicalement : sur un versant, c’est le Páramo, où seuls quelques malheureux buissons parviennent à survivre, et sur l’autre versant, la végétation est luxuriante, alors que nous sommes toujours à plus de 3000 mètres d’altitude. Etonnant.

 

3 septembre 2009

Loja & Cuenca

J’en trouve un qui part en début d’après midi et je me retrouve à Loja, en Equateur à la nuit tombée, après une bonne journée de voyage dans la sierra, nous sommes maintenant le 15 aout.

A Loja, je galère un peu pour trouver un hôtel, tous sont complet. Je finis par trouver quelque chose à 10 $, somme assez astronomique par rapport aux pays précédemment traversés.

Le lendemain, je pars visiter la charmante petite ville, mais je suis maintenant pressé d’arriver à Riobamba, où je connais du monde. Je repars donc dans la journée pour Cuenca, où j’arrive dans la soirée.

J’essaie d’abord d’aller dans le centre ville par mes propres moyens en demandant aux gens, mais vu la triste habitude qu’ont les gens d’ici de vous renseigner alors qu’eux même ne savent absolument pas où vous voulez aller, je finis par me décider à prendre un taxi qui me dépose devant une place étrangement moderne au bord de laquelle je trouve un petit hôtel.

Le lendemain, je pars visiter cette ville considérée comme une des plus belle du pays et surnommée l’Athènes d’Equateur en raison de son architecture et de la forte concentration d’intellectuels et d’universités qui s’y trouve.

Cuenca est aussi connue pour être un important centre de commerce du chapeau Panama, qui comme son nom ne l’indique pas, est un produit équatorien.

Ce chapeau, que l’on appel ici le sombrero de paja toquilla, et surtout pas Panama, est tressé à partir de paille de Toquilla qui pousse en abondance sur la côte. Certains de ces chapeaux, comme le fameux et luxueux superfino de Montecristi, y sont fabriqués, et d’autres sont fabriqués dans les villages entourant Cuenca.

Ce chapeau a longtemps été, avec la banane, le principale produit d’exportation équatorien, mais n’a jamais rapporté grand-chose : le superfino, par exemple, qui est le must du sombrero de paja toquilla, tressé avec tellement de finesse que les espagnols s’en servaient pour transporter de l’eau, et que les artisans mettent plusieurs mois à tressé, ne leur rapporte qu’une poignée de dollars, alors que le prix de vente final aux USA ou en Europe peut atteindre 800 dollars.

Aujourd’hui la mode du Panama est quelques peu dépassée et seuls quelques chapeliers subsistent encore à Cuenca.

A ce sujet, un bouquin intéressant, de Tom Miller, où il raconte le voyage qu’il a fait dans les années 80 en Equateur sur les traces du Panama, « La filière des Panamas » aux éditions Actes Sud.

Dans ce bouquin, l’auteur décrit particulièrement bien les voyages en bus en Equateur. Cela a été écrit il y a quelques années, mais je peux vous assurer que tout ce qu’il raconte est toujours d’actualité, laisser moi vous en livrer quelques extraits :

« Si un chauffeur d’autocar équatorien survit à un plongeon meurtrier, il se réfugie immédiatement dans un coin perdu du pays afin que les familles des victimes ne cherchent à arrondir le score. On prétend que des villages entiers au fin fonds de l’Amazonie sont presque exclusivement peuplés de conducteur d’autocar…

Si vous prévoyez d’emprunter les autocars sud- américains, voici un certain nombre de précautions à prendre avant de monter a bord :

a)      Vérification des pneus. Si, sur les six pneus (la plupart des autocars ont deux trains à l’arrière), trois ou plus sont entièrement lisses, les probabilités de chute augmentent, si l’on distingue des fils, l’éclatement est imminent.

b)      Votre bus possède au moins un essuie-glace. C’est heureux. S’il est situé côté conducteur, ce n’est que mieux. Evitez les véhicules dont le pare-brise, encombré de décalcomanies, de statuettes et d’images, ne permet de voir l’avenir qu’au travers d’un espace grand comme une carte postale. Les reliquaires, les inscriptions dévotes et les autocollants fanfarons sur les pare-chocs ne sont pas des gages de sécurité. Jésus-Christ et Che Guevara sont souvent vénérés sur la même décalcomanie. Ne nourrir aucun espoir démesuré ne de sombres pensées.

c)      Si la sobriété du chauffeur n’est pas un facteur déterminant, la présence de sa femme ou de sa petite amie est en revanche fondamentale. Si elle l’accompagne, elle s’assiéra habituellement derrière lui, à ses côtés, ou sur ses genoux. Il essaiera certainement de l’impressionner par sa conduite audacieuse, mais il fera également tout pour éviter qu’il ne lui arrive quelque chose. Si le chauffeur n’est pas marié ou n’a pas de petite amie, les chances de finir au fond d’un ravin augmentent.

d)     Sachez qu’il est impossible de tester le freinage du véhicule. Un jour, au Guatemala, je me suis enquis de l’état des freins auprès d’un conducteur. « Ecoutez », m’a-t-il répondu, « le bus est à l’arrêt, non ? C’est donc que tout fonctionne ».

e)      Sur les lignes interurbaines, les places sont souvent attribuées à l’avance. Refusez la place située immédiatement derrière le chauffeur ou devant à droite. Si vous voyagez de jour, vous friserez l’arrêt cardiaque toutes les deux minutes en voyant votre autocar dépasser un camion dans un lacet sans visibilité ou se retrouver nez à nez avec un autocar venant en sens inverse. De nuit, vous serez constamment aveuglés par les phares des voitures. A toute heure, vous aurez du mal à supporter le haut parleur de fortune qui pendillera toujours trop près de vos oreilles.

f)       Gardez votre passeport à portée de main. Des contrôles militaires ont lieu lorsqu’on s’y attend le moins. J’ai un jour retardé pendant dix minutes un bus entier de grands voyageurs, à quelques kilomètres d’Esmeraldas, sur la côte Pacifique, pendant que je cherchais désespérément mon sac sur le toit du bus, puis mon passeport au fonds de mon sac. »

Ensuite, l’auteur prend la route de Guayaquil, à partir de Cuenca :

« Nous descendîmes dans la couche de nuages et Julio (le chauffeur) rétrograda. La ligne blanche au milieu de la chaussée était son seul point de repère. Même la figurine à l’avant du capot avait disparu dans les nuages. Au bout de cinq minutes, il ralentit et s’arrêta. Pepe, l’assistant du chauffeur – fonction généralement réservée à un jeune frère, un fils ou un neveu - passa dans l’allée en faisant la quête. Je donnai un coup de coude à Horatio, mon voisin.

            -  Qu’est ce qu’il se passe ?

            -  Nous sommes arrivés au sanctuaire. Tous les chauffeurs s’arrêtent ici pour laisser quelques pièces, c’est une manière d’invoquer la protection de Dieu.

Les saints vivent très souvent à proximité d’un poste de police de sorte que le chauffeur peut faire deux paiements à la fois. Payer sa quote-part d’assurance à un saint requiert un élan de piété surhumain, mais si cela pouvait nous éviter le pire, j’étais partant. Je déboursai quelques sucres.

Pepe avait traversé la route en courant pour aller déposer l’argent lorsque soudain une demi douzaine d’Indiens surgis des nuages collèrent leur vidage à la vitre.

            -  ¡Choclos! ¡Choclos! ¡Diez cada uno!

Ils vendaient du maïs doux cuisiné avec de l’oignon, du fromage et de l’œuf, à un peu plus de dix centimes de dollars la part. Deux femmes aux pieds nus, coiffées d’un feutre et vêtues d’un épais poncho maculé de boue, montèrent à bord et investirent l’allée.

            -  ¡Choclos ! ¡Choclos ! ¡Nueve cada uno !

Les prix avaient chutés. Une autre marchande au regard embué, un bébé dans les bras, frappait désespérément à une vitre dans l’espoir qu’un passager lui ouvrirait. Sa voie perçante venait d’aussi loin que son regard. Au retour de Pepe, les Indiens disparurent dans le brouillard andin.

Partout en Amérique latine, les assistants des chauffeurs d’autocars font preuve de dispositions particulières pour monter ou descendre d’un véhicule en marche, se rappeler des passagers à qui ils doivent rendre de la monnaie, faire le plein d’essence, grimper sur le toit afin de récupérer un chargement avant l’arrêt complet, et changer une roue. Pepe réalisa tous ces exploits au cours du trajet, excellant dans l’art de sauter à bord de l’autocar déjà lancé en seconde. Il prenait d’abord de la vitesse, esquissait un léger bond afin de se mettre en jambe, puis faisait un saut en angle aigu qui lui permettait d’atteindre le marchepied tout en s’agrippant à la main courante au niveau de la portière. La souplesse et l’aisance de ses mouvements donnaient l’impression  qu’il sautait à bord d’un véhicule à l’arrêt. »

Ce court extrait est aujourd’hui toujours d’actualité, sauf que l’on compte maintenant en dollar en Equateur.

3 septembre 2009

Piura

Je pars ensuite prendre mon bus, et arrive à Piura le lendemain matin, il fait toujours nuit.

Je me cale sur un banc en attendant que le jour se lève et que les agences de bus pour l’Equateur ouvrent leurs portes.

Au bout d’un quart d’heure, un type se pointe, à priori relativement bien éméché, et commence à taper la discute. Il commence d’abord par me prévenir qu’il n’a aucune intention de m’agresser ou de me voler. Cool.

Ensuite, il me dit qu’il vient juste discuter dans un esprit « d’afabilidad », terme qu’il me traduit comme étant le stade supérieur de l’amabilité. Oui parce que ce jeune homme a passé 11 ans en Espagne, où il a étudié la gynécologie au sein de la soi-disant mondialement connue université Don Bosco, où il a donc pu acquérir un niveau d’éducation lui permettant d’approcher un étranger et de discuter avec lui sans rien lui voler, et sans même chercher à l’arnaquer.

Bon, je ne suis persuadé que ce soit le privilège de ceux qui ont eu la chance de vivre en Europe, mais le gazier me fais bien rire.

Il me raconte ensuite qu’il est tombé amoureux d’une prostituée et qu’il c’est vite rendu compte que la demoiselle n’en avait qu’après son portefeuille et sa voiture.

Une histoire d’amour comme on en fait qu’en Amérique latine.

Cette situation sentimentale douloureuse explique son état d’ébriété parce qu’évidemment il n’a pas l’habitude de boire, ce n’est pas digne du gynécologue qu’il est. Oui il est gynécologue. C’est pour ça qu’il a une belle voiture, une planche de surf et même un sac de rando comme le mien, « avec la ceinture et tout ».

Je n’ai donc pas affaire à n’importe qui.

Ensuite le type m’invite chez lui, « boire un coup et se faire une ligne de coke ». J’aurais volontiers accepté, mais il est encore 5 heures du matin, je viens de passer les deux dernières nuits dans le bus et je n’ai pas trop la forme. Je refuse donc poliment et on remet ça à une prochaine fois.

Le type me laisse son adresse mail, et il part ce coucher.

Le jour finit par ce lever et je pars à la recherche d’un bus pour passer en Equateur.

1 septembre 2009

Ayacucho & Lima

A 3 heures du matin, après un long et incertain trajet, j’arrive à Ayacucho, prends un taxi et lui demande de me déposer devant un hôtel peu cher. J’hésite un peu avant de sonner, ça m’embête un peu de réveiller le gérant au milieu de la nuit, mais après tout, c’est son boulot. J’ai tort d’hésiter car à peine deux minutes après avoir sonner, le type vient m’ouvrir, comme s’il m’attendait. Il m’octroi une petite chambre avec un grand où je m’endors rapidement, ces voyages en bus sont assez épuisants à la longue.

Le lendemain je me réveil mal en point : j’ai mal à la gorge et suis enrhumé. Ça ne ressemblerai pas à un début de grippe par hasard ?

Je commence à baliser un peu. Si je chope cette merdouille de grippe A au fin fonds du Pérou, je ne suis pas dans la merde tiens. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, je me rends compte que je n’ai plus une thune. Je n’ai plus qu’à resté à Ayacucho jusqu'à ce que mon corps et mon porte-monnaie ce portent mieux.

Ce soir là, je sors me promener dans la ville, en pleine effervescence en fin de journée. La ville est agréable, pleine de rue piétonne et d’animation.

Sur la plaza de armas, une fille m’accoste et me demande d’où je viens. Quand je lui dis que je suis français, elle me répond qu’elle a plein d’amis français et qu’elle le parle un peu. On passe la soirée à discuter et à se balader et elle m’invite à visiter l’endroit où elle a rencontrée tout ces amis français, la casa hogar, une maison qui accueille les enfants des rues dirigée par un belge. Rendez vous est pris pour le surlendemain.

Le lendemain, je passe la journée au lit, ma gorge ne s’arrange pas, je m’informe des symptômes du fameux virus et me dit que si je commence à avoir de la fièvre il faudra que je me décide à aller voir un médecin, même si je n’ai pas de quoi le payer.

Le lendemain, je suis donc censé rejoindre Lorela pour aller voir la casa hogar. Evidemment, je ne me reveille pas et c’est le gérant qui viens frapper à ma porte pour me dire qu’une « muchacha » me demande. Je me lève en catastrophe et me fais passer un savon par la donzelle. Les filles d’ici on vraiment un caractère de merde.

Enfin, je la suis jusqu'à la plaza où nous prenons un bus qui nous mène dans les barrios, les quartiers périphériques et miséreux de la ville.

Ici on change brusquement d’environnement. Les rues ne sont plus pavées, il faut un bon 4x4 pour y circuler, les baraques sont plus ou moins délabrées, et les chiens agressifs sont partout.

On passe d’abord chez une amie de Lorela qui vit ici avec son mari et sa fille. L’amie en question travaille à la casa hogar et nous y accompagne.

Arriver à destination, je découvre une assez grande maison avec un patio où les gosses font des tours de vélo.

Je rencontre ensuite Gilles, le belge qui gère la maison et que tout les gosses appellent Papi.

Gilles est un travailleur social, il fait parti de ses quelques personnes capables de donner leur vie pour les miséreux de toutes sortes. Il a longtemps travaillé en France avec des drogués, alcooliques et exclus de toutes sortes et de toutes origines. Il est ensuite parti avec sa femme au Népal et en Indonésie monter des projets, avant d’atterrir au Pérou et de construire cette maison.

Sa femme étant décédée il y a quelques années, il se retrouve maintenant seul avec les gosses et les employées du site. Chaque mois, il faut réunir les 10 000 $ nécessaires pour faire tourner la boutique, c'est-à-dire payer les employées, nourrir les gosses, les habillés, leur payer l’école privée, parce que l’école publique d’ici, comme dans la plupart des pays de la région, rends les gosses plus stupides à la sorte qu’à l’entrée, etc.…

Pour réunir la somme tout les mois, il faut passer sa vie au téléphone et sur la PC pour mendier les sous auprès des bailleurs de fonds, et des donateurs.

En fin de compte, sur les milliers d’enfants des rues de la région, Gilles n’en sauvera peut être qu’une vingtaine, autant dire que dalle. Mais rien que pour tout le mal qu’il se donne sans aucune aide, ni même soutient du gouvernement, son travail mérite le respect.

S’il y a autant de misère dans cette région, c’est aussi un héritage de l’histoire : en effet, c’est à Ayacucho que dans les années 70 est né le Sentier Lumineux, considéré comme la plus sanglantes guérilla sud américaine.

C’est donc ici à Ayacucho que la guérilla fera ses premières victimes, et c’est toujours dans les campagnes environnantes qu’agissent des groupes armés aux lointaines origines senderistas, qui sont aujourd’hui plus proche des narcotrafiquants, mais qui ne se refusent pas de temps à autres une petite attaque de commissariat ou une embuscade sur la route d’un convoi militaire. Rien à voir avec la violence qu’ont connus les habitants du coin dans les années 80 et 90. Une bonne partie de la population reste traumatisée par cette période, tout le monde a perdu au moins un membre de sa famille, assassiné par les guérilleros ou par l’armée qui n’était pas en reste, loin s’en faut.

Aujourd’hui cela se traduit par l’alcoolisme et la violence dans les familles, et les gosses finissent par s’enfuir, préférant la dure vie de la rue aux bastonnades quotidiennes.

Gilles me raconte que chaque soir il organise une séance de cinéma dans la rue à l’heure où les pères de famille rentrent chez eux après une bonne journée de travail et une bonne soirée à picoler.

Le temps que le film ce termine, les papas ont eu le temps de tout ravager dans la maison et de se défouler sur leur femme, et ce retrouvent étalés sous la table à ronfler. Les enfants peuvent alors rentrer chez eux en évitant la ratonnade.

Après avoir souhaité plein de courage à Gilles je redescends vers le centre me coucher, ma gorge ne s’étant pas arrangée.

Je décide tout de même de partir le lendemain pour Lima. Le bus partant dans la soirée, j’ai donc tout le temps d’aller visiter le monument célébrant la bataille d’Ayacucho. Pour cela il faut prendre un combi jusqu’au village de Quinua à une heure de route de la ville. Là, on trouve toute sorte d’artisanat en céramique assez laids, qui semble être la spécialité du coin.

DSC00605

Il faut encore marcher un petit peu pour trouver le monument planté au milieu d’une petite plaine brulée par le soleil. C’est ici que le héros national Antonio Sucre a vaincu les troupes du vice roi d’Espagne en 1824 et a mis fin au règne hispanique sur le continent. C’est pour cela que le monument est entouré de plaques offertes par toutes les nations sud-américaines remerciant Sucre d’avoir mis les colons dehors.

DSC00606

Le monument n’a pas l’air très visité, il y a juste une famille qui me demande de poser avec elle devant le monument.

Il y a aussi un pauvre musée plutôt décevant puisque ne contenant que trois pauvres céramiques représentant la bataille, sans aucune explications. Dommage.

Je redescends directement à Ayacucho pour prendre mon bus, et arrive à Lima le lendemain matin. Je pars chercher un bus pour Piura, à la frontière équatorienne, n’ayant pas envie de trainer dans cette ville déjà connue et pas vraiment attrayante selon moi. Je trouve un bus qui part en début d’après midi, me laissant tout de même le temps d’aller faire un tout en ville et de visiter le musée de l’inquisition, le seul musée gratuit du coin.

Le truc est assez flippant, j’en ressors avec une drôle d’impression. Il faut dire que le musée représente des figurines subissant les tortures de l’inquisition, et qu’ils nous font descendre dans le sous sol sombre et humide où les hérétiques pourrissaient pendant des années.

Un peu glauque le musée, on est content de retrouver la circulation chaotique de Lima à la sortie.

DSC00611

DSC00612

DSC00613

DSC00617

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 > >>
http://voyageenequateur.canalblog.com/
Publicité
http://voyageenequateur.canalblog.com/
Publicité