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3 septembre 2009

Loja & Cuenca

J’en trouve un qui part en début d’après midi et je me retrouve à Loja, en Equateur à la nuit tombée, après une bonne journée de voyage dans la sierra, nous sommes maintenant le 15 aout.

A Loja, je galère un peu pour trouver un hôtel, tous sont complet. Je finis par trouver quelque chose à 10 $, somme assez astronomique par rapport aux pays précédemment traversés.

Le lendemain, je pars visiter la charmante petite ville, mais je suis maintenant pressé d’arriver à Riobamba, où je connais du monde. Je repars donc dans la journée pour Cuenca, où j’arrive dans la soirée.

J’essaie d’abord d’aller dans le centre ville par mes propres moyens en demandant aux gens, mais vu la triste habitude qu’ont les gens d’ici de vous renseigner alors qu’eux même ne savent absolument pas où vous voulez aller, je finis par me décider à prendre un taxi qui me dépose devant une place étrangement moderne au bord de laquelle je trouve un petit hôtel.

Le lendemain, je pars visiter cette ville considérée comme une des plus belle du pays et surnommée l’Athènes d’Equateur en raison de son architecture et de la forte concentration d’intellectuels et d’universités qui s’y trouve.

Cuenca est aussi connue pour être un important centre de commerce du chapeau Panama, qui comme son nom ne l’indique pas, est un produit équatorien.

Ce chapeau, que l’on appel ici le sombrero de paja toquilla, et surtout pas Panama, est tressé à partir de paille de Toquilla qui pousse en abondance sur la côte. Certains de ces chapeaux, comme le fameux et luxueux superfino de Montecristi, y sont fabriqués, et d’autres sont fabriqués dans les villages entourant Cuenca.

Ce chapeau a longtemps été, avec la banane, le principale produit d’exportation équatorien, mais n’a jamais rapporté grand-chose : le superfino, par exemple, qui est le must du sombrero de paja toquilla, tressé avec tellement de finesse que les espagnols s’en servaient pour transporter de l’eau, et que les artisans mettent plusieurs mois à tressé, ne leur rapporte qu’une poignée de dollars, alors que le prix de vente final aux USA ou en Europe peut atteindre 800 dollars.

Aujourd’hui la mode du Panama est quelques peu dépassée et seuls quelques chapeliers subsistent encore à Cuenca.

A ce sujet, un bouquin intéressant, de Tom Miller, où il raconte le voyage qu’il a fait dans les années 80 en Equateur sur les traces du Panama, « La filière des Panamas » aux éditions Actes Sud.

Dans ce bouquin, l’auteur décrit particulièrement bien les voyages en bus en Equateur. Cela a été écrit il y a quelques années, mais je peux vous assurer que tout ce qu’il raconte est toujours d’actualité, laisser moi vous en livrer quelques extraits :

« Si un chauffeur d’autocar équatorien survit à un plongeon meurtrier, il se réfugie immédiatement dans un coin perdu du pays afin que les familles des victimes ne cherchent à arrondir le score. On prétend que des villages entiers au fin fonds de l’Amazonie sont presque exclusivement peuplés de conducteur d’autocar…

Si vous prévoyez d’emprunter les autocars sud- américains, voici un certain nombre de précautions à prendre avant de monter a bord :

a)      Vérification des pneus. Si, sur les six pneus (la plupart des autocars ont deux trains à l’arrière), trois ou plus sont entièrement lisses, les probabilités de chute augmentent, si l’on distingue des fils, l’éclatement est imminent.

b)      Votre bus possède au moins un essuie-glace. C’est heureux. S’il est situé côté conducteur, ce n’est que mieux. Evitez les véhicules dont le pare-brise, encombré de décalcomanies, de statuettes et d’images, ne permet de voir l’avenir qu’au travers d’un espace grand comme une carte postale. Les reliquaires, les inscriptions dévotes et les autocollants fanfarons sur les pare-chocs ne sont pas des gages de sécurité. Jésus-Christ et Che Guevara sont souvent vénérés sur la même décalcomanie. Ne nourrir aucun espoir démesuré ne de sombres pensées.

c)      Si la sobriété du chauffeur n’est pas un facteur déterminant, la présence de sa femme ou de sa petite amie est en revanche fondamentale. Si elle l’accompagne, elle s’assiéra habituellement derrière lui, à ses côtés, ou sur ses genoux. Il essaiera certainement de l’impressionner par sa conduite audacieuse, mais il fera également tout pour éviter qu’il ne lui arrive quelque chose. Si le chauffeur n’est pas marié ou n’a pas de petite amie, les chances de finir au fond d’un ravin augmentent.

d)     Sachez qu’il est impossible de tester le freinage du véhicule. Un jour, au Guatemala, je me suis enquis de l’état des freins auprès d’un conducteur. « Ecoutez », m’a-t-il répondu, « le bus est à l’arrêt, non ? C’est donc que tout fonctionne ».

e)      Sur les lignes interurbaines, les places sont souvent attribuées à l’avance. Refusez la place située immédiatement derrière le chauffeur ou devant à droite. Si vous voyagez de jour, vous friserez l’arrêt cardiaque toutes les deux minutes en voyant votre autocar dépasser un camion dans un lacet sans visibilité ou se retrouver nez à nez avec un autocar venant en sens inverse. De nuit, vous serez constamment aveuglés par les phares des voitures. A toute heure, vous aurez du mal à supporter le haut parleur de fortune qui pendillera toujours trop près de vos oreilles.

f)       Gardez votre passeport à portée de main. Des contrôles militaires ont lieu lorsqu’on s’y attend le moins. J’ai un jour retardé pendant dix minutes un bus entier de grands voyageurs, à quelques kilomètres d’Esmeraldas, sur la côte Pacifique, pendant que je cherchais désespérément mon sac sur le toit du bus, puis mon passeport au fonds de mon sac. »

Ensuite, l’auteur prend la route de Guayaquil, à partir de Cuenca :

« Nous descendîmes dans la couche de nuages et Julio (le chauffeur) rétrograda. La ligne blanche au milieu de la chaussée était son seul point de repère. Même la figurine à l’avant du capot avait disparu dans les nuages. Au bout de cinq minutes, il ralentit et s’arrêta. Pepe, l’assistant du chauffeur – fonction généralement réservée à un jeune frère, un fils ou un neveu - passa dans l’allée en faisant la quête. Je donnai un coup de coude à Horatio, mon voisin.

            -  Qu’est ce qu’il se passe ?

            -  Nous sommes arrivés au sanctuaire. Tous les chauffeurs s’arrêtent ici pour laisser quelques pièces, c’est une manière d’invoquer la protection de Dieu.

Les saints vivent très souvent à proximité d’un poste de police de sorte que le chauffeur peut faire deux paiements à la fois. Payer sa quote-part d’assurance à un saint requiert un élan de piété surhumain, mais si cela pouvait nous éviter le pire, j’étais partant. Je déboursai quelques sucres.

Pepe avait traversé la route en courant pour aller déposer l’argent lorsque soudain une demi douzaine d’Indiens surgis des nuages collèrent leur vidage à la vitre.

            -  ¡Choclos! ¡Choclos! ¡Diez cada uno!

Ils vendaient du maïs doux cuisiné avec de l’oignon, du fromage et de l’œuf, à un peu plus de dix centimes de dollars la part. Deux femmes aux pieds nus, coiffées d’un feutre et vêtues d’un épais poncho maculé de boue, montèrent à bord et investirent l’allée.

            -  ¡Choclos ! ¡Choclos ! ¡Nueve cada uno !

Les prix avaient chutés. Une autre marchande au regard embué, un bébé dans les bras, frappait désespérément à une vitre dans l’espoir qu’un passager lui ouvrirait. Sa voie perçante venait d’aussi loin que son regard. Au retour de Pepe, les Indiens disparurent dans le brouillard andin.

Partout en Amérique latine, les assistants des chauffeurs d’autocars font preuve de dispositions particulières pour monter ou descendre d’un véhicule en marche, se rappeler des passagers à qui ils doivent rendre de la monnaie, faire le plein d’essence, grimper sur le toit afin de récupérer un chargement avant l’arrêt complet, et changer une roue. Pepe réalisa tous ces exploits au cours du trajet, excellant dans l’art de sauter à bord de l’autocar déjà lancé en seconde. Il prenait d’abord de la vitesse, esquissait un léger bond afin de se mettre en jambe, puis faisait un saut en angle aigu qui lui permettait d’atteindre le marchepied tout en s’agrippant à la main courante au niveau de la portière. La souplesse et l’aisance de ses mouvements donnaient l’impression  qu’il sautait à bord d’un véhicule à l’arrêt. »

Ce court extrait est aujourd’hui toujours d’actualité, sauf que l’on compte maintenant en dollar en Equateur.

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