Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
http://voyageenequateur.canalblog.com/
1 septembre 2009

Ayacucho & Lima

A 3 heures du matin, après un long et incertain trajet, j’arrive à Ayacucho, prends un taxi et lui demande de me déposer devant un hôtel peu cher. J’hésite un peu avant de sonner, ça m’embête un peu de réveiller le gérant au milieu de la nuit, mais après tout, c’est son boulot. J’ai tort d’hésiter car à peine deux minutes après avoir sonner, le type vient m’ouvrir, comme s’il m’attendait. Il m’octroi une petite chambre avec un grand où je m’endors rapidement, ces voyages en bus sont assez épuisants à la longue.

Le lendemain je me réveil mal en point : j’ai mal à la gorge et suis enrhumé. Ça ne ressemblerai pas à un début de grippe par hasard ?

Je commence à baliser un peu. Si je chope cette merdouille de grippe A au fin fonds du Pérou, je ne suis pas dans la merde tiens. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, je me rends compte que je n’ai plus une thune. Je n’ai plus qu’à resté à Ayacucho jusqu'à ce que mon corps et mon porte-monnaie ce portent mieux.

Ce soir là, je sors me promener dans la ville, en pleine effervescence en fin de journée. La ville est agréable, pleine de rue piétonne et d’animation.

Sur la plaza de armas, une fille m’accoste et me demande d’où je viens. Quand je lui dis que je suis français, elle me répond qu’elle a plein d’amis français et qu’elle le parle un peu. On passe la soirée à discuter et à se balader et elle m’invite à visiter l’endroit où elle a rencontrée tout ces amis français, la casa hogar, une maison qui accueille les enfants des rues dirigée par un belge. Rendez vous est pris pour le surlendemain.

Le lendemain, je passe la journée au lit, ma gorge ne s’arrange pas, je m’informe des symptômes du fameux virus et me dit que si je commence à avoir de la fièvre il faudra que je me décide à aller voir un médecin, même si je n’ai pas de quoi le payer.

Le lendemain, je suis donc censé rejoindre Lorela pour aller voir la casa hogar. Evidemment, je ne me reveille pas et c’est le gérant qui viens frapper à ma porte pour me dire qu’une « muchacha » me demande. Je me lève en catastrophe et me fais passer un savon par la donzelle. Les filles d’ici on vraiment un caractère de merde.

Enfin, je la suis jusqu'à la plaza où nous prenons un bus qui nous mène dans les barrios, les quartiers périphériques et miséreux de la ville.

Ici on change brusquement d’environnement. Les rues ne sont plus pavées, il faut un bon 4x4 pour y circuler, les baraques sont plus ou moins délabrées, et les chiens agressifs sont partout.

On passe d’abord chez une amie de Lorela qui vit ici avec son mari et sa fille. L’amie en question travaille à la casa hogar et nous y accompagne.

Arriver à destination, je découvre une assez grande maison avec un patio où les gosses font des tours de vélo.

Je rencontre ensuite Gilles, le belge qui gère la maison et que tout les gosses appellent Papi.

Gilles est un travailleur social, il fait parti de ses quelques personnes capables de donner leur vie pour les miséreux de toutes sortes. Il a longtemps travaillé en France avec des drogués, alcooliques et exclus de toutes sortes et de toutes origines. Il est ensuite parti avec sa femme au Népal et en Indonésie monter des projets, avant d’atterrir au Pérou et de construire cette maison.

Sa femme étant décédée il y a quelques années, il se retrouve maintenant seul avec les gosses et les employées du site. Chaque mois, il faut réunir les 10 000 $ nécessaires pour faire tourner la boutique, c'est-à-dire payer les employées, nourrir les gosses, les habillés, leur payer l’école privée, parce que l’école publique d’ici, comme dans la plupart des pays de la région, rends les gosses plus stupides à la sorte qu’à l’entrée, etc.…

Pour réunir la somme tout les mois, il faut passer sa vie au téléphone et sur la PC pour mendier les sous auprès des bailleurs de fonds, et des donateurs.

En fin de compte, sur les milliers d’enfants des rues de la région, Gilles n’en sauvera peut être qu’une vingtaine, autant dire que dalle. Mais rien que pour tout le mal qu’il se donne sans aucune aide, ni même soutient du gouvernement, son travail mérite le respect.

S’il y a autant de misère dans cette région, c’est aussi un héritage de l’histoire : en effet, c’est à Ayacucho que dans les années 70 est né le Sentier Lumineux, considéré comme la plus sanglantes guérilla sud américaine.

C’est donc ici à Ayacucho que la guérilla fera ses premières victimes, et c’est toujours dans les campagnes environnantes qu’agissent des groupes armés aux lointaines origines senderistas, qui sont aujourd’hui plus proche des narcotrafiquants, mais qui ne se refusent pas de temps à autres une petite attaque de commissariat ou une embuscade sur la route d’un convoi militaire. Rien à voir avec la violence qu’ont connus les habitants du coin dans les années 80 et 90. Une bonne partie de la population reste traumatisée par cette période, tout le monde a perdu au moins un membre de sa famille, assassiné par les guérilleros ou par l’armée qui n’était pas en reste, loin s’en faut.

Aujourd’hui cela se traduit par l’alcoolisme et la violence dans les familles, et les gosses finissent par s’enfuir, préférant la dure vie de la rue aux bastonnades quotidiennes.

Gilles me raconte que chaque soir il organise une séance de cinéma dans la rue à l’heure où les pères de famille rentrent chez eux après une bonne journée de travail et une bonne soirée à picoler.

Le temps que le film ce termine, les papas ont eu le temps de tout ravager dans la maison et de se défouler sur leur femme, et ce retrouvent étalés sous la table à ronfler. Les enfants peuvent alors rentrer chez eux en évitant la ratonnade.

Après avoir souhaité plein de courage à Gilles je redescends vers le centre me coucher, ma gorge ne s’étant pas arrangée.

Je décide tout de même de partir le lendemain pour Lima. Le bus partant dans la soirée, j’ai donc tout le temps d’aller visiter le monument célébrant la bataille d’Ayacucho. Pour cela il faut prendre un combi jusqu’au village de Quinua à une heure de route de la ville. Là, on trouve toute sorte d’artisanat en céramique assez laids, qui semble être la spécialité du coin.

DSC00605

Il faut encore marcher un petit peu pour trouver le monument planté au milieu d’une petite plaine brulée par le soleil. C’est ici que le héros national Antonio Sucre a vaincu les troupes du vice roi d’Espagne en 1824 et a mis fin au règne hispanique sur le continent. C’est pour cela que le monument est entouré de plaques offertes par toutes les nations sud-américaines remerciant Sucre d’avoir mis les colons dehors.

DSC00606

Le monument n’a pas l’air très visité, il y a juste une famille qui me demande de poser avec elle devant le monument.

Il y a aussi un pauvre musée plutôt décevant puisque ne contenant que trois pauvres céramiques représentant la bataille, sans aucune explications. Dommage.

Je redescends directement à Ayacucho pour prendre mon bus, et arrive à Lima le lendemain matin. Je pars chercher un bus pour Piura, à la frontière équatorienne, n’ayant pas envie de trainer dans cette ville déjà connue et pas vraiment attrayante selon moi. Je trouve un bus qui part en début d’après midi, me laissant tout de même le temps d’aller faire un tout en ville et de visiter le musée de l’inquisition, le seul musée gratuit du coin.

Le truc est assez flippant, j’en ressors avec une drôle d’impression. Il faut dire que le musée représente des figurines subissant les tortures de l’inquisition, et qu’ils nous font descendre dans le sous sol sombre et humide où les hérétiques pourrissaient pendant des années.

Un peu glauque le musée, on est content de retrouver la circulation chaotique de Lima à la sortie.

DSC00611

DSC00612

DSC00613

DSC00617

Publicité
Publicité
Commentaires
http://voyageenequateur.canalblog.com/
Publicité
http://voyageenequateur.canalblog.com/
Publicité