Ambato & Guaranda
Le 4 septembre, je décide de partir en weekend. Si je veux voir du pays, il faut que je me dépêche, je n’ai plus que trois semaines à passer ici. C’est court, mais c’est long à la fois : je n’aurais passé qu’un petit mois en Equateur, mais en même temps cela fait maintenant près de quatre mois que je suis parti, et il me tarde de rentrer au bercail.
Ce weekend, je décide donc de partir faire le plein d’artisanat. Je pars
donc pour Ambato, quatrième ville du pays, mais d’après les guides, ne
disposant d’aucun attrait touristique.
En arrivant, je pars directement pour Quisapincha, un petit village non
loin d’Ambato, spécialisé dans l’artisanat du cuir.
La route qui y mène s’élève au dessus d’Ambato et offre une belle vue sur
toutes les montagnes environnantes. Dommage que le temps soit couvert.
Le village est rempli de boutiques d’articles en cuir, je me décide pour
l’un d’entre eux où je trouve mon bonheur. Le vendeur me rend ma monnaie, 10 $
en pièces de 50 centimes. Je prends un kilo d’un coup.
Je redescends ensuite sur Ambato, où je cherche pendant longtemps l’arrêt
des bus partant pour Salasaca, un petit village non loin. Dans ce bled vivent
les indiens Salasacas. Ils ont une culture bien particulière, puisqu’ils ont
été déportés de Bolivie, où ils vivaient avant l’expansion Inca, jusqu’ici
selon une technique bien établie par les Incas, et qui leur permettait de faire
fermer leur gueules aux peuples un peu récalcitrant à la civilisation.
C’est une technique comme une autre pour assujettir les peuples. Quand les
européens sont arrivés aux Amériques, ils en on adoptés une autre, plus
expéditives, mais plus efficace : après avoir massacré 200 millions
d’amérindiens, tout le monde a fermer sa gueule.
Les Salasacas sont passés maitres dans l’art du tissage, et ils sont
reconnus dans tout le pays pour leur savoir faire.
En passant devant le petit marché où les indigènes vendent leurs produits,
je me fais héler par une vieille mamita : « vient voir gringito,
vient acheter ». Amusé, je m’approche de son stand et elle commence à tout
me déballer, sans arrêter de dire : « compra, compra ! » (achète).
Ces tapisseries de laine sont si peu chère que je lui en achète quelques unes,
mais elle ne me lâche toujours pas. Quand je finis par réussir à m’en défaire,
c’est la voisine qui prend le relais, et ainsi de suite sur une dizaine de
stand. Des sacrés marchands de tapis ces Salasacas.
Au bout d’un certain temps, je réussi à m’échapper. C’est vraiment le mot,
c’est limite si je ne me fait courir après pour que j’achète plus.
Le lendemain, après une bonne nuit de sommeil, je pars pour Guaranda,
petite ville à deux heures d’Ambato, près de laquelle ce trouve Salinas, un
joli petit village produisant les meilleurs fromages et chocolats de la région.
Autant dire que c’est une destination qui compte.
Arrivé à Guaranda, je fais un rapide tour du marché avant de chercher un
bus pour Salinas. Renseignement pris, il n’y a pas de bus, uniquement des
camionnettes. Je me retrouve donc une fois de plus, à l’arrière d’un pick-up
brinquebalant, coincé entre les régimes de bananes et les poulets. La position
est plutôt inconfortable, les cahots de la piste sont rudes et j’avale des
kilos de poussière. Cependant, je dispose d’une vue magnifique sur les paysages
environnants, et ça vaut bien quelques courbatures.
Après une bonne heure de route, j’arrive dans le bled. Je me promène
quelques temps dans ce village, surement un des rares où les habitants ont une
conscience écologique, chose qui reste encore le privilège de ceux qui on les
moyensde ce l’accorder. En effet, les rues sont propres, il n’y a pas de
décharges à ciel ouverts.
En fin d’après midi, après avoir fait un stock de fromage, je redescends
vers Guaranda. Il y a plein de monde à vouloir descendre, bizarrement. La
raison en est évidente, ce soir la selección joue contre la Colombie
Arrivé à Guaranda, je trouve un petit hôtel, les mecs de la chambre voisine
sont déjà en train de hurler devant la télé.
Je vais regarder le match sur un écran, dans la rue. A la fin, tout le
monde rentre ce coucher, tristement.
2 – 0
Le lendemain, à 6 heures les voisins ce réveillent et mettent la musique à
fonds les ballons. J’essaie de dormir un peu, mais à 7 heures, c’est le gérant
qui vient tambouriner à ma porte, il est temps que je m’en aille.
Je fais mon sac, et avant de prendre le bus, je vais visiter l’attraction principale de la ville, une statue représentant l’Indio Guaranga, qui a donné son nom à la ville, mais personne ne sait plus pourquoi, qui surplombe la ville. La vue est fort jolie.
Après cette petite ballade, je redescends prendre mon bus pour Riobamba. La
route du retour est sublime, une des plus belles du pays parait-il. Le temps
est super dégagé, la route fait le tour du Chimborazo, on peut admirer la bête
sous toutes les coutures, jusqu'à en faire une indigestion.
Le bus me dépose à Calpi et je finis à pieds. Sur la route, je passe devant la communauté d’Asunción. Les indigènes sont en minga, en travail communautaire pour rénover les canaux d’irrigations. Quand je passe devant les travailleurs en les saluant, on me fait signe de m’approcher. Les types tapent la discute pendant 5 minutes, et me payent un coup de trago, le tord boyaux local. Je repars ragaillardi.
En arrivant à San Francisco, une bonne humeur peu habituelle semble habiter
les gens : une famille est en train de battre le blé en riant et me fait
de grands signes quand je passe à leur niveau. Plus loin, un homme enlève les
poux de la tête de sa femme sur les marches de leur maison, eux aussi me
saluent gaiement. Scène assez peu courante de douceur et d’amour conjugale, qui
me met, moi aussi le sourire aux lèvres.